Quatrième et dernière partie de notre histoire de la tabatière en verre sous les Qing. (Première partie, deuxième partie, troisième partie).
Pour mémoire: A partir des années 1758-1760 le nombre de jésuites travaillant au Palais Impérial diminue. En conséquence la verrerie retrouve une direction totalement chinoise…
La qualité du travail de l’émail persiste dans la seconde moitié du 18ème siècle sous l’impulsion de Qianlong, puis sous son successeur Jiaqing (1796-1820). De cette période date un singulier groupe de flacons portant une marque « Guyue Xuan » (Pavillon de la Vieille Lune). Situé dans l’enceinte du Yuanming Yuan, ce pavillon avait été construit pour accueillir Qianlong à sa retraite et des objets fabriqués spécialement pour lui, comme des tabatières révélant une grande finesse d’exécution.
Une nouvelle idée décorative se développe à cette même période : la sculpture en léger relief, comme un overlay, sur un corps de flacon généralement blanc opaque qui ensuite est émaillé de couleurs souvent soutenues.
Certains tabatières portant la marque Guyue Xuan sont attribuées à la verrerie de Yangzhou, ouverte dans la seconde partie du 18ème siècle pour suppléer à la production impériale. La légèreté des émaux et la fluidité des décors caractérisent les belles réalisations de cette manufacture qui travaillera jusqu’au 19ème siècle.
Sous le règne de Daoguang (1821-1850) la porcelaine sera sans aucun doute la matière de prédilection et les для tabatières en porcelaine supplantent généralement celles en verre.
A cette période, seule la verrerie de Yangzhou continue de créer des flacons intéressants. Ils suivent un modèle spécifique : un verre généralement opaque recouvert d’une seconde couche monochrome simple ou de nombreuses petites taches de couleurs juxtaposées. Sculpté en très léger relief le décor s’inspire souvent d’un style pictural propre à Yangzhou, typique reflet d’une esthétique de lettrés, et porte cachets ou inscriptions. Très reconnaissables, ces tabatières montrent parfois des jumelages de couleurs étonnants.
Elément novateur dans le domaine de la tabatière en verre : certains flacons sont signés par leur créateur, démarche individuelle impensable dans le cadre impérial où régnait un total anonymat, et peu constatée dans d’autres ateliers.
Après le règne de Daoguang les empereurs successifs ne posséderont pas la rigueur et les moyens nécessaires au maintien d’un niveau artistique. La Chine vieillit et le pouvoir impérial est affaibli. Pourtant des tabatières intéressantes ont survécu et témoignent par leur travail, leur sujet ou par le fait d’avoir appartenu ou été commandées par des personnages, de la poursuite d’une fabrication sporadique.
Deux siècles résument ce que fut l’essentiel de l’art de la tabatière et du verre en Chine. Leur naissance coïncide avec le début de la dynastie Qing, leur déclin avec la fin de la dynastie. La cigarette évince la prise dès le début du 20ème siècle et la verrerie impériale cesse en 1911 avec la chute des Qing et du dernier empereur Xuantong.