Bien qu’il y ait des preuves ténues de l’existence d’une race locale de chevaux à la fin de l’époque Jômon (vers 10 000 av J.C – vers 300 av J.C), les Japonais n’importèrent des chevaux de selle du continent asiatique qu’à partir de l’époque des Kofun (vers 250 – 538). On a découvert dans les tumulus de cette période des statuettes en terre cuite (haniwa) d’hommes à cheval et en armure. Elles montrent que les harnais et les selles alors utilisés étaient quasiment identiques à ceux qui étaient en usage en Corée, d’où ils étaient très vraisemblablement importés. La toute première chronique du Japon – le Nihon Shoki, rédigé vers 720 – signale l’utilisation de ces chevaux dans des batailles mais sans plus de précisions.
Des articles de sellerie du VIIIe siècle sont conservés à Nara, au Shôsôin, un pavillon que l’empereur Shômu (701 – 756) fit construire pour y entreposer des trésors. Ces objets montrent le genre d’articles utilisés par les courtisans mais ne nous renseignent guère sur le type d’équipement utilisé par les soldats.
Ce n’est qu’à partir de la fin de l’époque de Heian (794 – 1185) que le cheval de guerre japonais émerge des ténèbres.
Les selles (kura) s’inspirent de modèles chinois et de modèles utilisés en Asie centrale. Elles sont en chêne rouge (kashi), arbre alors cultivé expressément pour leur fabrication. Les selliers avaient coutume de courber les jeunes chênes en forme de U de manière à léguer à leur fils ou à leur petit-fils des arbres dont la fibre présenterait la forme requise pour la fabrication du pommeau et du troussequin.
L’arçon de selle de base comporte quatre éléments (cf croquis). A l’avant figure le pommeau (maewa), une pièce plate en forme de U inversé. Il présente de chaque côté une double échancrure, peu profonde, qui permet au cavalier d’avoir une prise pour enfourcher le cheval.
A l’arrière se situe le troussequin (shizuwa), d’une forme semblable à celle du pommeau mais dont les appendices, sous les cuisses du cavalier, sont incurvés vers l’avant. Deux pièces longitudinales (igi), présentant des fentes réservées au passage des étrivières, relient le pommeau au troussequin. Elles sont dotées à chaque extrémité d’une languette. Les languettes sont maintenues en place par des cordes de chanvre passées dans des trous percés à cet effet.
La plupart des arçons de selle étaient laqués, et nombreux étaient ceux qui présentaient des décors élaborés magistralement exécutés. Les surfaces extérieures de l’arçon pouvaient aussi être sculptées, recouvertes d’un cuir fin ou arborer un décor laqué rehaussé d’incrustations de nacre.
Dans presque tous les cas, le mon (blason familial) du propriétaire figurait bien en évidence sur le devant du pommeau et l’arrière du troussequin.
Il existe deux grands types d’arçon de selle : l’arçon à usage militaire, cercle divisé horizontalement en quatre parties égales, et l’arçon utilisé par les nobles de la cour, cercle subdivisé en trois parties.
A partir de l’époque de Muromachi (1392 – 1573) apparaissent les aori, panneaux qui avaient pour fonction de protéger les jambes du cavalier de la boue soulevée par les sabots du cheval, mais aussi le cheval des lourds étriers. Constamment à la recherche de nouveaux matériaux, les Japonais importèrent des cuirs et peaux exotiques pour leurs aori.
La selle était maintenue en place sur le dos du cheval à l’aide d’une sangle et de courroies passées autour de son poitrail et de sa croupe.
La galerie Espace 4 possède par ailleurs deux modèles de selles et étriers que vous pouvez admirer du Mardi au Samedi de 14h à 18h30 : le premier ensemble est à décor d’oiseaux (https://www.espace4.com/collections/ensemble-de-selle-et-etriers-japonais-a-decor-doiseaux/) et le second est à décor de dragons.
Le Metropolitan Museum of Art de New York possède un magnifique exemplaire de selle japonaise (http://www.metmuseum.org/art/collection/search/26572).