Le mon (en japonais 紋) est un blason strictement personnel utilisé par les samouraï dans le but de se reconnaître lors de combats entre clans.
Hérités de Chine, les mon apparaissent sous forme de dessins brodés et répétés entre le VIIIe et le XIIe siècle sur les vêtements impériaux. Puis, sous l’ère Heian (平安時代), le mon commence à prendre sa forme véritable. Apposé sur les chars, il servait à indiquer à quelle famille appartenait le véhicule.
Lors des conflits entre clans, les mon furent laqués ou appliqués sur les armures de guerriers ainsi que sur les bannières (羽田). Puis, le Shogun Tokugawa Iemitsu (1604-1651) obligea les nobles à coudre ou à broder leurs insignes sur leurs vêtements à partir de 1642.
La traduction littérale du mot mon 紋 est complexe. Cependant, on peut y distinguer les deux caractères “fil” (糸) et “ texte” (文), qui traduisent bien l’origine textile de ce blason. Le mon ne peut être à proprement parlé qualifié d’ « armoiries » car ce signe héraldique est avant tout axé sur l’élaboration des formes. En effet, seules l’imagination et la pratique constituent les limites de cet art unique en son genre.
Ce qui est également difficile à comprendre dans un blason japonais est qu’il ne rappelle pas toujours le nom du clan auquel il se rattache. De plus, plusieurs clans pouvaient avoir un même mon pour base en le modifiant quelque peu, de sorte à le différencier de l’original. Les motifs sont incroyablement variés et très souvent inspirés de la nature, des animaux et des objets de la vie quotidienne comme le pin, le bambou, les oiseaux, les fleurs de cerisier et tant d’autres. Leur diversité est telle que le mon pouvait varier d’un simple cercle à un oiseau ou un papillon très travaillé. Ces motifs se composaient dans certains cas de caractères ou de signes religieux.
Ce symbole est sans doute le plus connu de tous : le disque rouge vermillon, symbolisant le soleil levant, est encadré par un décor de feuille d’or, imitant le ciel au lever de l’astre.
Ce mon est rattaché à la famille Makino de Nagaoka. Ici, trois feuilles de chêne sont reliées au centre du cercle délimitant le blason. Chaque feuille occupe 1/3 de l’espace du cercle.
Si beaucoup de mon sont inscrits dans des formes géométriques, la plupart d’entre eux n’ont pas de contour. Mais ils sont inscrits dans un cercle fictif, délimitant en quelque sorte l’armoirie. Ainsi, selon le nombre de symboles, animaux, végétaux ou usuels présents au sein du cercle fictif, l’espace sera divisé en autant de parties qu’il y aura de signes. Les motifs peuvent être soit répétés, soit couplés à un autre symbole.
Ici, la fleur de kata-bami occupe tout l’espace du cercle fictif. Délimité par un cercle réel. Chaque pétale occupe 1/3 de l’espace. Ce mon est attribué à la famille Mori-kawa et à celle des Tô-dô.
Un autre mon répandu est celui représentant un torii, porte sacrée délimitant le monde des Hommes et celui des esprits. Souvent à l’entrée des temples shintô. Symbolisant le clan Torii. La famille a joué sur l’homophonie des deux noms pour créer son emblème. Présent ici sur un étendard (sashimono), le rouge hématite du torii sur fond blanc rappelle le hi no maru du drapeau japonais.
Le mon qui fut apposé sur de nombreux objets d’art guerrier et sur un bon nombre de temples et bâtisses féodales est aujourd’hui utilisé à des fins décoratives sur beaucoup d’objets usuels.
Ainsi, on retrouvera sur des assiettes, des bols, des Tee-shirt, des chaussettes tabi voire même des friandises des mon en tout genre.
A l’origine réservé aux guerriers et aux nobles, il fut décrété, lors de la réforme de 1868, que tout le monde pouvait avoir son propre mon. Les blasons perdirent alors leur valeur seigneuriale, avec le temps, l’influence de cet emblème au sein de la société s’est perdue.
Un des derniers usages traditionnels du mon est perpétué de nos jours par les mariages traditionnels shintô, en mémoire des splendides cérémonies féodales unissant deux clans de manière officielle.