Partie I:
Généralités sur la péninsule
Le destin de la Corée fut celui, bien rude, d’un pays soumis au fort rayonnement d’un puissant voisin, la Chine. Avec le recul, il est possible maintenant de mieux apprécier le sort des pays qui sont restés longtemps dans l’ombre des grands. Ainsi, dès l’aube de l’histoire, la Chine façonna en Extrême-Orient une hégémonie militaire, économique et culturelle. Leurs voisins périphériques baptisés barbares, tantôt civilisateurs tantôt oppresseurs, rarement libérateurs, formaient une ceinture de tribus couvrant la zone des steppes de la Sibérie méridionale, celles des forêts de Mandchourie, et le chapelet des îles bordières : Japon … Harcelé durant des siècles par la convoitise de ses voisins turbulents, l’empire chinois des environs de notre ère, s’était créé trois portes : celle de l’Ouest sur le Turkestan, celle du Sud sur l’Indochine et celle du Nord sur la région du grand Khingan, matrice des barbares conquérants, séparant la Mandchourie de la Mongolie. Les ancêtres des coréens se trouvèrent ainsi sur un des territoires que la Chine considéra toujours comme un des points névralgiques de sa défense ; c’est à dire celui qui doit empêcher les barbares des steppes de s’unir aux barbares de la mer. L’histoire de la Corée épouse le schéma classique des pays de marche, gravissant les échelons de la civilisation en alternant le bénéfice des alliances avec celui des résistances.
La première unité coréenne repose sur la langue. Cette dernière, appartient à la famille des langues altaïques où se groupent les langages des zones bordant la lisière forestière qui s’étend de la Mandchourie à la Scandinavie. L’unité de la population passera avant tout par le fort sentiment national. C’est ce sentiment d’unité, conséquence des menaces extérieures, qui forgeât le style des artisans coréens et ce, dès les premiers temps où des tribus de pasteurs et d’agriculteurs se livraient à la chasse et à la pêche, fabriquant, d’abord, une céramique grise, unie ou peignée, propre aux régions forestières de l’Altaï et du Japon et, plus tard, une céramique peinte, proche de la culture chinoise de Yang-Chao.
Sous l’influence des foyers métallurgiques chinois, le bronze dut arriver vers les VIIe- VIe siècle av. J,-C. et son art subit l’influence de la culture sibérienne de Tagar (VIIIe-IIe siècle av. J.-C), pendant asiatique de la culture scythe occidentale. Aux environs de notre ère, l’empire Han (IIIe siècle av. J.-C/ IIIe siècle ap. J.-C) consolida sa défense en plaçant des avant-postes aux points stratégiques. Vers l’Est, ce fut l’implantation de quatre commanderies militaires dont la plus connue est celle de Lo-Lang qui dura de 108 av. J.-C à 313 de notre ère. Au même moment, des tribus locales s’organisèrent et se groupèrent en trois royaumes.