Le 24 mars, au cours d’une vente consacrée à l’Extrême-Orient, s’est vendue une paire de verseuses « Benpahu » en bronze doré et émaux cloisonnés dans le style de l’époque Yongle, pour la somme de 56 000€.
Cependant si vous n’êtes pas familier avec le terme de « benpahu » vous n’avez pas pu noter la coquille qui s’est glissée dans le descriptif de la Gazette de Drouot du 4 avril 2014. Rectifions.
Les verseuses benpahu sont des verseuses à alcool d’origine chinoise de forme cylindrique, avec un bec verseur en forme de trompe. En voici deux modèles illustrés ci-dessous.
Vous noterez le peu de ressemblance avec les deux verseuses vendues le 24 mars. Toutefois si vous vous penchez du côté des verseuses « Kundika », qui sont des verseuses rituelles à eau lustrale utilisées lors des cérémonies rituelles bouddhiques, vous pourrez distinguer plus de similitudes, et c’est vers cette définition qu’il faut s’orienter.
Leur forme est apparue en Inde, pays d’origine du bouddhisme, et s’est ensuite transmise en Chine et en Corée. Traditionnellement elles présentent un col haut qui se terminent par une ouverture en tube fin. Rattaché à l’épaule se trouve un petit bec avec un couvercle amovible. C’est par là qu’on verse l’eau à l’intérieur de la bouteille.
Ainsi non seulement les verseuses vendues le 24 mars ne sont pas des verseuses benpahu, mais surtout elles n’ont pas l’usage qu’on leur a prêté dans l’article: des objets dédiés à la consommation d’opium. On se demande d’ailleurs comment on peut consommer de l’opium avec des verseuses…
A signaler également que les objets étaient donnés au catalogue par l’expert comme étant de « style Yongle » avec une « marque apocryphe Qianlong », et qu’un raccourci rapide a transformé dans l’article de la Gazette en « objets d’art réalisés en Chine au cours du XVIIIème », ce qui n’est pas vraiment la même chose…